26 nov. 2012


Proposition de poste musicothérapeute 93


Une  MAS qui accueille majoritairement des adultes autistes avec ou non des pathologies neurologiques associées recherche un(e) musicothérapeute à mi-temps. 

Elle se trouve au sein de l'hôpital Ville-Evrard à Neuilly-Sur-Marne (93).

Contact : julie.boudvin@club-internet.fr 
ou le 0149446161 (n°du directeur)

2 nov. 2012

Interview M. Niernhaussen





Rencontre avec Martina Niernhaussen

Il y a tout juste un an sortait « Du premier cri au dernier souffle » publié aux éditions Archipel, le premier livre de Martina Niernhaussen, chanteuse lyrique, chef de chœur, chef d’orchestre et musicothérapeute, formée au CIM en 2006.

Martina pratique la musicothérapie auprès d’autistes en IME, en service de soins palliatifs, et en lymphologie à la Fondation Cognacq-Jay. Elle intervient aussi à l’hôpital des armées de Clamart,

Martina m’a accueillie, ce mercredi 31 octobre, dans sa maison située dans le Val d’Oise, autour d’un café, euh non deux cafés… et de délicieux macarons,  pour parler de son livre.

Martina, comment est né ce projet d’écriture ?

La directrice des éditions «l’Archipel » est venue assister à l’un des concerts que je dirigeais en tant que chef d’orchestre. Elle a découvert ensuite que j’étais aussi musicothérapeute. Cela l’a immédiatement intéressée. Elle a tenté de me contacter. Dès que j’ai reçu son message – six mois plus tard suite à un oubli de communication- j’ai aussitôt décroché mon téléphone, et elle m’a proposé de rencontrer l’éditeur pour évoquer l’écriture d’un ouvrage sur la musicothérapie.

Comment as-tu réagi ?

J’ai sauté de joie, bien que je n’avais jamais écrit de livre auparavant, Mon mémoire de musicothérapie a été mon premier écrit en français i Mais je mûrissais en moi le désir d’écrire sur mes patients, ceux qui sont seuls et qui n’ont personne pour penser à eux, ceux qui meurent dans la solitude. Je voulais écrire, pour ne pas qu’on les oublie, pour laisser une trace de leur existence.

Comment s’est organisée la structuration du livre ? T’es-tu servi de compte-rendus de séances pour sa rédaction ?

Non, j’avais tout en tête, j’ai la chance d’avoir une très grande capacité de mémorisation. Et puis, les moments forts avec les patients, ça ne s’oublie pas.
Les échanges avec l’éditeur nous ont mis sur la voie de la structure du livre. Lorsque je suis arrivée à notre premier entretien, je portais une minerve. J’ai dû lui parler de l’accident de voiture que j’ai vécu il y a une vingtaine d’année et de mon expérience de mort imminente. Il m’a aussitôt demandé d’ouvrir le livre par ce récit. Il ne souhaitait pas, dans un premier temps, de chapitres théoriques, que je souhaitais pour ma part, J’ai alors développé les portraits de mes patients, Puis finalement la partie théorique s’est imposée d’elle-même et d’une place bien à part initialement prévue, elle s’est insérée naturellement entre les récits de séances, de concerts et les portraits.

Ce livre est-il pour toi un récit autobiographie, un essai sur la musicothérapie, un témoignage ? A qui s’adresse-t-il ?

C’est pour moi avant tout un témoignage de ce que peuvent vivre les patients. Le livre s’adresse à tout le monde, Les gens l’abordent différemment selon leur situation, leur profession etc. Certains lecteurs  passent  les chapitres théoriques pour vite connaître la suite de l’histoire, d’autres lisent le tout, prêtant à ces chapitres en question un grand intérêt.

Quels sont les retours, les réactions, que tu as pu recevoir de tes lecteurs ?

J’ai reçu beaucoup de retours de soignants, de musicothérapeutes, d’étudiants en musicothérapie. Les soignants me témoignent que la lecture du livre les a aidés à porter un autre regard sur les malades en fin de vie ou dans le coma. J’ai reçu aussi le témoignage d’une personne qui s’est mise à chanter pour son parent souffrant de la maladie d’Alzheimer. Et puis, une musicienne m’a récemment fait part de sa décision de s’engager dans des études de musicothérapie suite à la lecture du livre.

La femme, une et « multi-carte » que tu es, musicothérapeute, chanteuse lyrique, musicienne, chef de choeur et chef d’orchestre nous entraîne dans un tourbillon d’énergie, de joie, de chaleur humaine. Dans notre jargon de professionnel, nous parlons beaucoup de cadre et de projet thérapeutique, d’évaluations des séances et des pratiques… Qu’en penses-tu ?

Toutes mes séances sont archi préparées. Plus les séances sont préparées, plus je me sens libre, Avec les autistes, on n’improvise pas. C’est parce qu’un musicien a beaucoup travaillé, répété et encore répété, qu’il est capable d’improviser, C’est lorsque le cadre est solide qu’il ne se voit plus, sachant que l’important, au final, ce sont les effets thérapeutiques réels que vit  la personne.

Comment s’organisent les concerts avec les choristes et musiciens professionnels que tu fais venir au sein des services ?

J’organise ces concerts en dehors de mes séances, et ce de façon bénévole. La plupart des chanteurs et musiciens interviennent bénévolement. Cela me donne l’occasion de les « briefer » sur la posture thérapeutique à tenir. La plupart sont bouleversés et repartent riches d’une expérience humaine forte.
Depuis la sortie du livre, je reçois régulièrement des invitations à venir faire des formations dans d’autres services de soins palliatifs. J’ai reçu aussi une demande pour intervenir dans un cursus d’art thérapeute.

Tu partages dans le livre qu’une des conséquences de l’expérience de mort imminente que tu as vécue à l’âge de 23 ans a été l’émergence pour toi d’une grande passion pour la lecture des textes sacrés, l’histoire des religions, l’histoire des communautés primitives et l’anthropologie. Tu relates aussi les résultats d’une étude sérieuse menée sur des personnes ayant vécu cette expérience « spirituelle », disant qu’elles « ressentent plus de compassion pour les autres. » L’ensemble du livre n’en est-il pas une illustration ?

Oui bien sûr, et si le livre commence par le récit de cette expérience, ce n’est pas un hasard. Pour autant, je ne me sens pas du tout spirituelle. Je crois en l’existence d’une seule entité qui nous dépasse, la même pour tout le monde. Une autre certitude, c’est que je ne vois pas pourquoi l’ambiance dans les soins palliatifs doit être triste, silencieuse, douloureuse,

Celle, dont le grenier de la maison où nous venons de déguster deux cafés et quelques macarons, recèle de partitions, costumes d’opéra, déguisements en tout genre, coffrets à bijoux, diadèmes en faux strass, bref, de quoi organiser un carnaval en service de soins palliatifs, en un rien de temps… ou presque, est déjà en train de travailler à un autre projet d’écriture où il sera cette fois question de la Chine, et toujours, d’histoires humaines et de chemins de vie.

Festivités d’halloween oblige, il y avait bien entendu une citrouille décorée sur le rebord de la fenêtre de la maison et un énorme saladier de bonbons préparé spécialement pour les enfants qui allaient sonner à la porte le soir même.

Deux mille exemplaires du  « Premier cri au dernier souffle » se sont déjà écoulés en un an, sur les trois mille mis en place. A se procurer absolument au rayon psy.

S. LEFEBVRE

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