18 mars 2012

JOURNEES D’ETUDES CLINIQUES 2012 de Nantes: Musicothérapie, Neurosciences, Neuropsychologie


Nombreux ont été les musicothérapeutes IDF et de toute la France à s'être déplacés pour ces rencontres riches d'échanges et fou-rire à la Faculté de Médecine de Nante. Un petit clin d'oeil spécial à Cécile pour son "c'est comme un lacher de nains dans la fôret !". Plus sérieusement merci à tous ces intervenants qui nous ont encore une fois démontré que la musicothérapie a toute sa place au sein des prises en charge pluridisciplinaires  pour  des patients atteints d'Alzheimer ou de démences, pour nos ainés, pour des patients touchés par un AVC ou cérébro-lésés, pour des patients touchés par un cancer ou au bloc opératoire. Merci à H. Platel pour sa présence très humaine et ses recherches sur les effets de la musique, Merci à F.Ansermet pour son film et ses enseignements.
 La journée fut riche de promesses et d'échanges...et nous a permis de repartir tous plein d'enthousiasme et d'espoir pour reprendre notre baton de pèlerin.
Voici les résumés des interventions :

JOURNEES D’ETUDES CLINIQUES 2012
Musicothérapie, Neurosciences, Neuropsychologie 
Douleur, Maladies et Atteintes neurodégénératives …



NANTES Faculté de Médecine – amphi 5   Vendredi 16 et samedi 17 mars 2012
en collaboration avec le Pôle Santé de Formation Continue de l’Université de Nantes

VENDREDI 16 MARS 2012
9 h 00 : Accueil
9 h 20 : Ouverture des journées
Francine ADAM-BAUMARD, présidente de l’Institut,
Anne CATREUX, Université Formation Continue Pôle Santé
Projection du film :
Neurosciences et psychanalyse ( vers un paradigme de la liberté) : un entretien avec François ANSERMET

Musicothérapie et Alzheimer

Pr. Hervé PLATEL, 
professeur de neuropsychologie, Université de Caen
La musique et le chant comme révélateurs de capacités cognitives préservées chez des patients Alzheimer en institution
On est longtemps resté sur l’idée que les patients atteints d’une maladie d’Alzheimer à un stade avancé ne mémorisaient plus ce qui était vécu au quotidien parce qu’ils ne pouvaient volontairement en rendre compte. Grâce à la musique, au chant, à la peinture…nous pouvons démontrer que cette idée est fausse, et que ce qui est vécu dans un atelier en institution, ou lors de la visite d’un musée, laisse une trace durable dans le cerveau, malgré la maladie. Le domaine musical, avec l'apprentissage de chansons nouvelles, pose des questions intéressantes sur les spécificités de la mémoire musicale par rapport notamment à la mémoire verbale. Nous essaierons d’en expliquer les mécanismes et de réfléchir aux implications que cela peut avoir d’un point de vue de l’accompagnement des patients.

Cécile FOURAGE, musicothérapeute (Douarnenez)

Accompagnements multiples pour un rétablissement de la mémoire : les émotions au centre de la restauration
La découverte d’une maladie d’Alzheimer ou d’une démence a des conséquences considérables sur le patient son entourage. L’évolution de la maladie entraîne une réflexion sur la façon dont nous pouvons l’accompagner.
Après une rapide présentation des difficultés qui apparaissent dans le cas de démences, je proposerai deux cas cliniques très différents :
Une personne de 91 ans, dont la maladie d’Alzheimer est diagnostiquée depuis 7 ans, et qui retrouve plaisir et mobilité pendant les séances de musicothérapie ; l’autre auprès d’une patiente de 75 ans qui entre tout juste dans un épisode démentiel, avec des pertes rapides de son autonomie. Nous verrons comment la prise en charge en musicothérapie ralentit les effets de cette progression.

Agnès TURLURE, musicothérapeute (Angers)

Musique et Mouvement
J’ai choisi de vous faire partager mon expérience de création d’un atelier de musicothérapie active au sein du cantou d’une maison de retraite. 
Je partage le point de vue de G. Brunet (« Animer la personne âgée », in Le Journal des Psychologues, n°167, mai 1999, p.26) pour qui les objectifs principaux d’un atelier sont de susciter un sentiment de bien-être, un confort moral, une reconnaissance.
Mes propositions reposent sur un travail autour de la dépendance et de la démence, par un accompagnement adapté à la personne âgée pour un mieux être physique et psychique, par une mise en jeu de ses forces vives pour renforcer le sentiment de continuité et de contenance.
C’est une approche qui met l’accent sur le perceptif, le relationnel et la motricité. 
Les objectifs posés sont de développer et de maintenir le potentiel sensoriel, moteur, rythmique, expressif, relationnel et cognitif des personnes aussi minime soit-il et malgré les handicaps.

Mathilde CHAGNEAU, musicothérapeute, (Nantes)

Le cœur a sa mémoire
Musicothérapeute depuis le mois de juin 2011, je suis actuellement en Master 2 de psychologie gérontologique à Angers.
Dans cet exposé, je vais rendre compte de mon expérience en tant que musicothérapeute, et psychologue gérontologue en formation. Une expérience durant laquelle j’essaie de faire des liens entre la musicothérapie et mon objet d'étude : la psychologie du vieillissement dans son aspect clinique et neuropsychologique.
Il est nécessaire d'aborder le vieillissement pathologique des fonctions cognitives dans la maladie d'Alzheimer en accordant une place particulière aux fonctions préservées. Envisager la maladie sous cet angle permet de se centrer sur les pistes de prises en charge à proposer aux patients. Mes propos seront illustrés par un exemple clinique tiré de ma pratique.

Musicothérapie et Douleur

Aurélien GILLET, musicothérapeute, music-care, Paris

Evaluation et standardisation d'une technique de musicothérapie dans la prise en charge de la douleur
Introduction : De nombreuses études soulignent l’intérêt de la musicothérapie dans le traitement de la douleur. Le montage en « U » est une technique de musicothérapie développée en tenant compte des recommandations de la littérature. Un logiciel a été réalisé au CHRU de Montpellier avec la société Music Care© permettant son utilisation standardisée par les soignants.
Objectif : L’objectif principal de ce travail est de rapporter des travaux de recherche ayant permis de standardiser et d’évaluer une nouvelle technique de musicothérapie dans la prise en charge de la douleur.
Méthode : Suite à une revue complète de la littérature sur ce sujet, une série d’études contrôlées et randomisées a été réalisée dans les services de rhumatologie, de rééducation fonctionnelle, d’anesthésie-réanimation, de neurologie et du Centre de traitement de la douleur du CHRU de Montpellier.
Résultats : L’effet de la musicothérapie a été évalué sur différents types de douleurs aiguës et chroniques d’origines diverses : mécaniques, inflammatoires, fibromyalgiques et neurologiques. Une action physiologique (sur les paramètres hémodynamiques et respiratoires, etc.) mais aussi psychologique, en favorisant la relation d’« écoute » entre soignant et soigné, a ainsi pu être mise en évidence. Cette action se traduit par une réduction de la douleur, de l’anxiété et de la dépression permettant une baisse significative des consommations d’anxiolytiques et d’antidépresseurs.
Conclusion : La revue de la littérature internationale et les premières études contrôlées et randomisées françaises témoignent de l’intérêt de l’utilisation de la musicothérapie dans la prise en charge de la douleur.


Cécilia JOURT-PINEAU, musicothérapeute (Paris)

Prise en charge globale de la douleur en oncologie
En France, chaque année environ 300 000 nouveaux cas de cancer sont diagnostiqués. Une famille sur trois est touchée par cette maladie.
Depuis près de quinze ans, les progrès thérapeutiques en oncologie au niveau de la prévention et des traitements ont conduit à une baisse de la mortalité, une augmentation de la longévité mais aussi un allongement de la prise en charge et la chronicisation de certaines douleurs ou de troubles anxio-dépressifs.
Etre atteint d’un cancer peut entraîner une intense souffrance émotionnelle, physique, sociale et bouleverser complètement l’équilibre psychologique et identitaire du patient.
Dans le cadre du Plan Cancer, la mesure 42 prévoit et préconise le développement de soins de support en insistant sur la prise en charge individuelle et personnalisée de la douleur et psycho-oncologie.
Quelle place et rôle pour la musicothérapie et le musicothérapeute dans une prise en charge globale de la personne atteinte de cancer au sein d’une équipe pluridisciplinaire dans un service d’oncologie ? Quels sont les effets des séances de musicothérapie sur la douleur et l’anxiété des patients hospitalisés et/ou suivis en oncologie ?


SAMEDI 17 MARS 2012

Musicothérapie et Atteintes neurologiques, Apports des neurosciences


Alain RAKONIEWSKI, musicothérapeute (Nantes)

Désirons-nous une neuromusicothérapie ?
- partie 1 : la musicothérapie a été très peu influencée par le paradigme cognitiviste, le paradigme psychanalytique restant dominant. Pourquoi, avantages et inconvénients de cette situation ?
- partie 2 : dans une perspective cognitiviste et culturelle, il est possible de former l’hypothèse que les neurosciences produisent une neuroscience ordinaire, complémentaire de la psychologie ordinaire qui intervient massivement dans nos processus de pensée. Par exemple, le concept de « plasticité » produit des représentations mentales très disponibles. Les musicothérapeutes et psychothérapeutes modifient-ils leurs outils en fonction de cette neuroscience ordinaire ? Comment le contre-transfert est-il influencé par cette pensée ? Le développement d’une pensée trop analogique n’est-il pas alors inévitable, avec les risques qu’elle fait courir aux patients ?
- partie 3 : dans l’intérêt des patients, quelques outils ne devraient-ils pas être influencés par le paradigme des neurosciences ? Par exemple, dans une perspective constructiviste, les questions de l’inconscient, de la théorie de l’esprit, et de l’empathie progressent si les professionnels structurent leur pratique et leur recherche en intégrant certains résultats des neurosciences.

Madeleine BEYER, musicothérapeute (Hennebont)

Musicothérapie et patients cérébro-lésés
La musique et les sons sont une source de plaisir par effets de stimulations multi-sensorielles. La musicothérapie recherche le retour à des sensations connues grâce à un travail de mémoire émotionnelle, celle qui ne se perd jamais. Elle amène le patient au bien-être et à la détente psychique.
La musicothérapie permet de faciliter l’éveil de coma. Elle permet aussi de travailler en amont des orthophonistes et de démutiser par le travail sur les sons très primaires parfois, le cri primal , le fredonnement et le chant.
La musicothérapie permet aussi de diminuer les troubles du comportement et les syndromes dépressifs, de retrouver un sommeil réparateur, et travailler sur les douleurs grâce aux hypnoses sonores ou mises en relaxations sonores, de calmer et de réduire les états de crise de la personne lésées cérébrales.
Cette psychothérapie est fondée sur les potentialités restantes de la personne lésée cérébrale et non sur ses déficits, même s’ils sont évalués et bien définis, dans le but de maintenir son identité.

Solène THEVENET psychologue-neuropsychologue, CHU Nantes.

Questionnement face au diagnostic des pathologies neurodégénératives
Diagnostiquer une pathologie neurodégénérative implique plusieurs annonces d’une part au patient, d’autre part à son entourage. Cela peut occasionner différentes réactions émotionnelles face à l’annonce et diverses conséquences sur les dynamiques familiales. De plus, cette maladie engendre des modifications multiples qui nécessitent un réajustement psychique et familial. Enfin, il existe plusieurs accompagnements de l’aidant et du patient. Un exemple de prise en charge d’une patiente atteinte de la maladie d’Alzheimer à un stade débutant sera évoqué.

Elizabeth OSADTCHY, Musicothérapeute, Clinique Saint Augustin, Nantes

A travers une étude pilote et de faisabilité en Musicothérapie au bloc opératoire, La neuroplasticité du cerveau humain en question
Le patient, au bloc opératoire, ressent un stress important avant un examen, une intervention. Son cerveau a t’il encore, dans cette condition précise, la faculté d’utiliser sa neuroplasticité ? Comment penser l’aide, par musicothérapie, au bloc opératoire ? La judicieuse alliance avec d’autres approches peut être utilisée par le musicothérapeute pour diminuer largement le score de l’anxiété perçu. Un résultat bénéfique est observé sur les états d’anxiété préopératoire, avec les indices corporels et psychologiques qui témoignent de l’activation du système nerveux central.
L’aide par Musicothérapie au bloc opératoire semble être une stratégie de stimuli pour démontrer l’extraordinaire capacité d’adaptation de réorganisation structurale et fonctionnelle de notre cerveau.

Catherine GREYL Musicothérapeute, Mulhouse (57

La musicothérapie : Thérapie de sens ou un retour à la vie pour personnes en état de conscience minimale ou cérébro-lésée
En quoi la musicothérapie aide t’elle des personnes en état pauci-relationnel ou cérébro-lésées à « se remettre en route » pour « un retour à la vie », même si, après leur traumatisme ou leur accident vasculaire cérébral, il leur faut apprendre à vivre autrement ?
Chez Monsieur P. le recours rapide à la musicothérapie active avec l’introduction des percussions, des pictogrammes, d’une grille alphabétique et d’un ordinateur a bouleversé non seulement sa situation médicale mais a aussi révolutionné les limites institutionnelles de sa prise en charge en les faisant reculer.
Pour Madame M. il s’agit de tout reconstruire en utilisant les techniques de musicothérapie réceptive et active, du Toucher Relationnel et des sollicitations sonores. 
Grâce à la relation thérapeutique construite sur un climat de sécurité, de confiance, d’accueil et de respect, des projets partagés porteurs de sens naissent et débouchent sur la sollicitation de ses capacités motrices et cognitives imperceptibles au début, la restitution de son pouvoir d’expression non verbale, l’émergence de prises d’initiatives, de son autonomie, la reconstruction d’une unité. 

4 mars 2012

Rubrique -Musicothérapie- ouverte dans annuaire professionnels santé


Il y a quelques jours un appel à la solidarité avait été lancé pour faire apparaître les musicothérapeutes dans un annuaire des professionnels de la santé ... Victoire !!!
Je laisse à Sandrine Doyen Julien, qui a été à l'origine de ce mouvement, le soin de vous en parler :


"Régulièrement, nous menons tous de petites actions pour faire reconnaître notre métier de musicothérapeute.
Régulièrement, nos demandes restent sans réponse ou avec des réponses décevantes...Mais quelquefois, cela paie !
http://les-numeros-medicaux.fr ont accepté de nous ouvrir une rubrique si nous étions 15 à en faire la demande.
Cette demande a été relayée par le blog des musicothérapeutes d’Île de France, le blog futuremusicothérapeute, par la faculté de Montpellier et par mails !
En 10 jours, malgré les périodes de vacances, plus de 28 demandes nous sont parvenues! Bravo à tous pour ce mouvement qui montre qu'à l'unisson on peut faire bouger des choses !!
La rubrique est désormais ouverte et attend vos inscriptions !
Pour ceux et celles qui ont un site personnel, un lien vers ce site http://les-numeros-medicaux.fr/serait le bienvenu...

Sandrine DOYEN JULIEN (77)